Encore !
http://www.laprovence.com/article/bollene/vaucluse-quatre-chevaux-atteints-dun-virus-vont-etre-euthanasies
160 bêtes susceptibles d'avoir été infectées lors d'une compétition seront dépistées
Parmi les quatre chevaux infectés figurerait celui qui a participé à la Chevauchée des blasons pour la ville de Bollène.
Photo Jérôme Rey
De mémoire de cavalier et de parole de vétérinaire, le Vaucluse n'avait jamais été touché par une telle épizootie, contrairement au Var, impacté en 2009 par l'anémie infectieuse. Mais depuis, la France était vigilante. Ce virus, qui est l'équivalent du virus HIV, n'est toutefois pas transmissible à l'homme. À ce jour, quatre chevaux, deux hongres et deux juments sont infectés, a révélé hier la Préfecture. Ils sont isolés et seront euthanasiés sous peu.
Reste que deux de ces chevaux infectés ont participé à La chevauchée des Blasons en septembre dernier. Aussi, une vaste campagne de dépistage a déjà démarré et va concerner toutes les bêtes qui ont couru lors de cette compétition. "Tous les participants de la course, soit 160 chevaux environ, seront dépistés par une quarantaine de vétérinaires du département, assure le Dr Poudevigne, chef du service santé et de protection animale à la Direction départementale de la protection des populations (DDPP). La liste des bêtes en contact avec les chevaux malades est en train d'être affinée. D'ores et déjà, les centres équestres ou les sites accueillant les chevaux susceptibles d'avoir été au contact des animaux malades sont actuellement en quarantaine".
L'anémie infectieuse difficile à déceler
Le virus a été détecté, fin janvier, sur un cheval détenu par un agriculteur de Bollène. "Il faut savoir que l'animal peut ne présenter aucun signe même lors de la séroconversion, c'est-à-dire lorsque l'organisme accuse réception du virus, explique le Dr Frédéric Poudevigne. Ça a été le cas ici. Sur les chevaux infectés, un seul a présenté des signes cliniques, fièvre, transpiration et formation d'oedèmes au ventre, au niveau du fourreau et des membres. Laforteanémie provoque des chutes de plaquettes d'où les oedèmes. Le vétérinaire qui suit les bêtes a perçu cela et a donc demandé une analyse."
Début février, le laboratoire national de référence de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) confirmait la présence d'un foyer d'anémie infectieuse des équidés sur la commune. Le foyer épidémiologique concerne huit bêtes détenues par cet agriculteur qui possède une écurie privée et héberge des chevaux en pension.
Son établissement a été placé sous arrêté préfectoral de déclaration d'infection, toute sortie d'animaux est donc interdite par mesure de précaution. L'enquête épidémiologique, menée par les services de la DDPP - qui possède un réseau de vétérinaires sanitaires - permettra de déterminer l'origine de l'infection et de lister tous les équidés ayant été en contact avec les chevaux séropositifs pour que des mêmes mesures de surveillance soient mises en place.
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L'analyse du Dr Frédéric Poudevigne de la Direction de protection des populations
Une maladie connue, sans traitement ni vaccin
"L'anémie infectieuse des équidés (AIE) est une maladie connue depuis longtemps mais devenue assez exceptionnelle en France, assure le Dr Frédéric Poudevigne. Elle s'avère contagieuse mais pas extrêmement contagieuse". Dans un communiqué, la préfecture de Vaucluse ajoute que l'incubation de la maladie, due à un virus de la famille des retroviridae (qui peut provoquer comme symptômes principaux une fièvre récurrente, une perte de poids et de l'anorexie), est de quelques jours à plusieurs semaines. La transmission du virus se fait par le sang des animaux malades ou infectés latents. Elle est essentiellement indirecte : piqûres d'insectes (taons), "ce qui est très probable ici", indique le Dr Poudevigne, ou injections en série sans changer de matériel. Il n'y a pas de traitement ni de vaccin. "Il se peut aussi que les animaux soient porteurs du virus depuis leur naissance."
L'AIE pouvant revêtir un caractère latent (pas de symptômes visibles) chez certains équidés, tout animal infecté constitue un réservoir de la maladie pendant toute sa vie. Aussi, les mesures de police sanitaire à appliquer sont rigoureuses. Par conséquent, tout équidé touché par le virus doit être abattu. Il s'agit en effet d'éviter toute ré-émergence de cette maladie. "Les prises de sang ont débuté chez les chevaux en contact mais nous n'avons pour l'heure aucun retour. On espère bien sûr le moins d'infection possible et le fait qui fasse très froid pourrait aider", conclut le Dr Poudevigne.